Portrait de chercheur.e : Germain Gauthier, doctorant en économie


 

#Mon Doctorat au CREST

Bonjour Germain, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Germain Gauthier. Je suis français. J’ai 29 ans. Mes recherches portent sur les réseaux sociaux, leurs algorithmes, et la façon dont ils affectent nos sociétés. J’ai notamment beaucoup étudié les mouvements sociaux qui ont récemment émergé sur Facebook/Twitter au cours des dernières années (e.g.,#MeToo, les Gilets jaunes).
En dehors du travail, j’aime écouter des vieilles chansons françaises, faire de la savate ou du surf, et passer du temps en famille.

Quel est votre parcours académique avant le CREST ?

J’ai intégré HEC Paris par la voie des classes préparatoires ECS en 2013. Pendant ces trois années d’étude, j’ai obtenu une licence de Philosophie à l’Université Paris-Sorbonne et un master dans la majeure “Quantitative Economics and Finance” d’HEC. Par la suite, j’ai complété mes études en
économie avec la deuxième année du Master “Analysis and Policy in Economics” de l’Ecole d’Economie de Paris.
Une fois diplômé, j’ai rejoint le CREST pour y faire ma thèse.

Pourquoi avoir choisi de faire un doctorat au CREST ?

Je voulais faire un doctorat pour continuer à me développer intellectuellement. En particulier, je voulais continuer à parfaire mes connaissances techniques en statistiques et en économétrie. Au début, je ne savais pas si j’allais faire professeur des universités ou travailler pour une organisation internationale (Banque Mondiale, FMI, etc.).
Concernant le CREST, j’avais eu l’occasion de discuter avec un certain nombre de professeurs (notamment Jean-Baptiste Michau et Alessandro Riboni) et je sentais que l’encadrement serait bon. Par ailleurs, le centre avait les moyens financiers pour soutenir mes projets pendant la thèse. Enfin, Paris est une ville merveilleuse, et je souhaitais y vivre quelques années de plus.

Qui est votre directeur de thèse, et quel est le sujet de votre thèse ?

Alessandro Riboni a supervisé ma thèse. D’autres professeurs m’ont aussi apporté beaucoup de soutien. Je pense notamment à Xavier d’Haultfoeuille, Benoit Schmutz et Pierre Boyer. C’est un avantage du CREST : les professeurs sont accessibles et sont prêts à vraiment aider les doctorants motivés.

Que pensez-vous de l’environnement au CREST ?

L’environnement de recherche est très riche et décontracté. Il y a beaucoup de séminaires avec des intervenants de qualité. Les doctorants ont l’opportunité de présenter leurs travaux plusieurs fois par an, et les échanges universitaires sont encouragés.
Le personnel administratif est avenant et à l’écoute. Nous avons toujours trouvé ensemble une solution pour que je puisse faire ce que je voulais faire.

#Le Job Market International

Pourquoi souhaitiez-vous candidater à l’international ?

Au cours de ma thèse, j’ai pris goût à la recherche et à l’enseignement, donc j’ai décidé d’en faire mon métier. De nos jours, la recherche ne se fait plus au niveau national, mais à l’échelle mondiale. Il y a assez peu de postes ouverts par an dans le monde, donc cela fait sens d’avoir un horizon géographique étendu. Dans mon cas, je cherchais un poste de professeur dans les meilleures universités européennes.

Comment fonctionne le processus du Job Market ?

C’est un processus relativement long par rapport au secteur privé. Cela prend entre six et huit mois, donc il faut être sûr de vouloir se lancer. Chaque candidat prépare un dossier visant à montrer ses capacités de chercheur et d’enseignant (en septembre/octobre). Le dossier est ensuite soumis à travers deux ou trois plateformes centralisées à plusieurs dizaines (parfois centaines) d’universités dans le monde (en novembre). Les universités contactent les candidats qui les intéressent pour un premier entretien en ligne ou ils présentent à l’oral leurs travaux et leur agenda de recherche pendant une trentaine de minutes (en décembre/janvier). Après ces entretiens préliminaires, les universités recontactent les candidats sélectionnés une seconde fois (en janvier/février/mars). Cette fois-ci, ils sont invités à venir passer la journée sur place. C’est l’occasion pour les candidats de présenter leurs travaux dans un séminaire et de rencontrer les professeurs et les étudiants. Cette dernière étape peut donner lieu à une offre d’emploi.
C’est un marché international et compétitif. Il n’est pas rare de soumettre 150 dossiers en novembre et d’obtenir une ou deux offres d’emploi après le processus de sélection. Il faut donc s’y préparer sérieusement. Contrairement à la rédaction de la thèse, le marché international requiert des candidats, non seulement un niveau de recherche élevé, mais aussi des capacités de communication élevées. C’est de loin ce qu’on apprend le plus à travers tout ce processus : communiquer nos recherches de manière claire et efficace. Je pense que cette capacité me servira au-delà de cette recherche d’emploi.

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai reçu plusieurs offres et j’ai finalement accepté un poste de professeur (Assistant Professor dans le jargon administratif américain) à la Bocconi. Je commence en Septembre 2023. Je vais enseigner des cours d’économie publique à niveau licence et master, et continuer mes recherches sur les réseaux sociaux. À terme, j’espère que mes recherches pourront faciliter la mise en place de régulations européennes les concernant.

Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux futur(e)s doctorants(e)s du CREST ?

Deux choses. La première : ne vous considérez plus comme des étudiants. Vous n’êtes plus là que pour apprendre, mais aussi pour produire du savoir. J’ai vécu ma thèse comme un premier emploi pour une durée de cinq ans, et je pense que cela m’a beaucoup aidé à structurer mes
journées et à préserver un bon équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. La deuxième : écrivez vos idées sur papier tôt, même si vous ne les trouvez pas (encore) formidables. L’écriture a le mérite de forcer une réflexion plus structurée, approfondie et permet de progresser plus vite dans vos recherches.