Portrait de chercheur.e : Etienne Guigue, doctorant en économie


#Mon Doctorat au CREST

Bonjour Etienne, pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Etienne Guigue, j’ai 30 ans et je suis originaire de Cahors. Je travaille sur des sujets de recherche à l’intersection des littératures de Commerce International et Organisation Industrielle, qui touchent à l’exertion du pouvoir de marché par les entreprises dans les chaînes de valeur. J’étais sur le Job Market 2022-2023, à l’issue duquel j’ai obtenu un post-doctorat d’un an à KU Leuven (Belgique) suivi d’un poste d’Assistant Professor à LMU Munich (Allemagne).

Quel est votre parcours académique avant le CREST ? 

J’ai commencé mes études d’économie à Toulouse, en classe préparatoire à l’ENS Cachan (faite en double cursus au lycée Ozone et en économie-gestion à l’Université Toulouse 1), à l’issue de laquelle j’ai passé le concours d’entrée au département économie-gestion de l’ENS Cachan (devenue ENS Paris-Saclay). J’ai ensuite suivi le Master in Economics de l’Université Paris-Saclay, à l’époque co-dirigé par l’École polytechnique, l’ENSAE, l’ENS Paris-Saclay, HEC et l’Université Paris-Sud.

Pourquoi avoir choisi de faire un doctorat au CREST ? 

J’ai commencé à me rapprocher du CREST via mon mémoire de master fait sous la direction de Pierre Cahuc (à l’époque au CREST, aujourd’hui à Sciences Po). A l’issue de ce master, j’ai effectué une année en tant qu’assistant de recherche au CREST sous la direction de Francis Kramarz. Cette année-là m’a permis de développer mon appétence pour la recherche, qui s’est confirmée l’année suivante lors d’une année de recherche à l’étranger sous la direction de Samuel Kortum à Yale University (Connecticut, USA). C’est lors de cette année que j’ai décidé de faire un doctorat. Étant donnés mes liens avec le CREST, où j’avais pu apprécier l’environnement de recherche, et Francis Kramarz, avec qui j’avais débuté des collaborations scientifiques, ainsi que la possibilité de financement d’un contrat doctoral au CREST par l’ENS Paris-Saclay (CDSN – Contrat Doctoral Spécifique Normalien), le choix du CREST pour ce doctorat était évident.

Qui est votre directeur de thèse, et quel est le sujet de votre thèse ? 

J’effectue ma thèse sous la direction de Francis Kramarz. Ma thèse vise à mieux comprendre le rôle du pouvoir de marché et de la concurrence imparfaite dans les relations entre fournisseurs et acheteurs opérant dans des chaînes de valeur mondiales et nationales entrelacées. Il s’agit d’un travail à la fois théorique et empirique. Plus particulièrement, le premier chapitre propose une nouvelle méthodologie pour estimer séparément le pouvoir de marché des entreprises à l’achat et à la vente, appliquée aux transformateurs laitiers en France. Les résultats montrent que les industriels laitiers exercent les deux types de pouvoir de marché. Le deuxième chapitre analyse comment l’instauration et ensuite le retrait progressif des quotas de production laitière ont affecté la répartition de la production laitière entre les exploitations et sur le territoire en France. Le troisième chapitre quantifie le pouvoir de marché à l’achat de produits intermédiaires et évalue ses effets en termes de bien-être. Les résultats montrent que les industriels français exercent un pouvoir de marché important à l’achat de produits achetés localement, mais également importés.

Que pensez-vous de l’environnement au CREST? 

Le CREST offre un environnement de recherche agréable et dynamique, où les interactions sont nombreuses. De nombreux séminaires internes et externes sont proposés, permettant d’avoir accès à des présentations de qualité, de présenter sa propre recherche, et facilitant des interactions académiques fructueuses entre chercheurs au sein du laboratoire. Les possibilités de financement concernant des projets scientifiques y sont nombreuses (accès aux données CASD notamment), pour des périodes de visiting, ou encore pour l’accès aux conférences, en collaboration avec un pôle administratif agréable et fonctionnel. Le CREST offre également une préparation très complète au job market international.

#Le Job Market International

Pourquoi souhaitiez-vous candidater à l’international ? 

J’ai souhaité aller sur le marché international dans la mesure où cela répondait à deux de mes aspirations : poursuivre ma carrière dans l’académique et partir à l’étranger. L’académique offre, une liberté de choix des sujets de recherche et une possibilité de continuellement apprendre et échanger qui me plaisent. Le choix de l’étranger relève d’une envie plus personnelle de découverte, au moins à moyen-terme.

Comment fonctionne le processus du Job Market ? 

Le Job Market est un processus relativement long et qui doit être anticipé. Les candidatures s’articulent en effet autour d’un “Job Market Paper”, papier de recherche représentatif des intérêts et capacités de recherche du candidat, qui soit être débuté en amont. Les institutions qui recrutent sur le marché international sont des universités, centres de recherche, ou institutions internationales (World Bank, banques centrales, …). Le marché débute réellement en automne avec une période de préparation et d’envoi des dossiers de candidatures, et de préparation spécifique au marché dispensée au CREST. Des premiers entretiens ont lieu en ligne en décembre et début janvier. A l’issue de cette première sélection, les institutions invitent les candidats sélectionnés à venir présenter leur recherche et rencontrer le département sur leur campus. Les candidats sélectionnés se voient ensuite offrir les postes auxquels ils ont candidaté, et peuvent le cas échéant faire leur choix.

Quels sont vos projets à venir ? 

Je vais rejoindre KU Leuven en septembre 2023 pour travailler au sein de l’Industrial Organization Group, aux côtés de Jan de Loecker, expert des sujets de pouvoir de marché. Je rejoindrai ensuite LMU Munich où j’ai hâte de travailler avec l’International Trade Group.

Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux futur(e)s doctorants(e)s du CREST ? 

Le doctorat peut parfois relever des montagnes russes. Il ne faut donc pas se laisser décourager par les bas ni se laisser griser par les hauts, et ne jamais hésiter à s’octroyer des phases de respiration hors recherche. Les collaborations et l’entraide entre doctorants ainsi que les échanges avec les professeurs du CREST sont également précieux en vue de réussir sa thèse.