Contribution de Pierre Rousseaux à l’Investment Report 2024/2025 de la European Investment Bank (EIB)


Pierre Rousseaux, doctorant au CREST-GENES, signe une contribution dans l’Investment Report 2024/2025 de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) (Encadré C, Chapitre 5).

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, les dépendances commerciales de l’Union européenne deviennent un enjeu stratégique majeur. La guerre en Ukraine, la montée du protectionnisme aux États-Unis et la concentration des chaînes de valeur en Chine exposent l’UE à des risques accrus de perturbations d’approvisionnement. Quels sont les produits et secteurs les plus vulnérables ? Quelles sont les dépendances critiques ? Comment renforcer la résilience européenne ?

Dans cette contribution, Pierre Rousseaux explore ces questions sur une période plus étendue que celle abordée dans son précédent travail coécrit avec Isabelle Méjean pour le CEPR – Centre for Economic Policy Research. Voici les principales conclusions issues de son analyse pour la BEI :

  • Les vulnérabilités sont de plus en plus concentrées sur les importations chinoises
    La part de la Chine dans les dépendances commerciales de l’UE a significativement augmenté, tandis que celle des États-Unis et du reste du monde a diminué de 3 à 10 points de pourcentage.

  • Les dépendances en amont des chaînes de valeur sont les plus risquées
    Les vulnérabilités situées à plus de trois étapes du consommateur final représentent 49 % des produits critiques. Une rupture dans ces segments pourrait affecter l’ensemble des chaînes d’approvisionnement européennes.

  • Certaines dépendances sont structurellement critiques pour l’industrie européenne
    Les produits vulnérables se concentrent dans les secteurs de la chimie, des métaux et de la céramique — industries essentielles pour de nombreuses filières stratégiques.

  • Ces vulnérabilités sont persistantes
    41 % des dépendances commerciales identifiées avant la crise financière mondiale étaient encore présentes après celle-ci, et 35 % ont perduré à long terme, témoignant de leur caractère structurel et de la difficulté à s’en détacher.

  • Sur les 5 381 produits importés par l’UE, le nombre de vulnérabilités identifiées varie selon les critères retenus : entre 359 (avec les critères les plus larges) et 29 (selon les cinq critères les plus restrictifs définis avec Isabelle Méjean). Bien que ce chiffre puisse sembler faible, il regroupe des produits à risque extrême, caractérisés par :

    • une forte concentration des fournisseurs hors UE

    • une très faible production au sein de l’UE

    • une capacité de substitution quasi inexistante en cas de choc

Pourquoi est-ce crucial ?
Identifier précisément les dépendances et leurs risques permet de concevoir des politiques ciblées : diversification des fournisseurs, relocalisation, investissements stratégiques… Ces enjeux dépassent la sphère économique : ils ont un impact direct sur la souveraineté industrielle et technologique de l’UE.

Pierre Rousseaux propose également une page dédiée à ce sujet sur son site, qui croise les résultats de son papier avec Isabelle Méjean et ceux réalisés pour la BEI. Elle s’adresse aux publics académique, statistique et politique, et permet d’explorer les vulnérabilités commerciales de l’UE de manière approfondie :
https://www.pierrerousseaux.com/eu-trade-dependencies

Consulter le rapport complet ici.