21 mai 2025 | Valorisation de la recherche N° 18 |
Julien Prat pour Polytechnique Insights : Atouts et contraintes de l’euro numérique de la Banque centrale
Paola Tubaro Sheds Light on the Invisible Workforce Behind AI at Buenos Aires’ “Nuit des Idées”
Paola Tubaro, CNRS Research Director at CREST, recently participated in the Nuit des Idées (Night of Ideas) held at the iconic Teatro Colón in Buenos Aires. This international event, organized by the Institut français d’Argentine and its partners, brings together thinkers, artists, and researchers to engage in public discussions on contemporary challenges.
During the event, Tubaro spoke about the often-overlooked human labor behind artificial intelligence systems. She emphasized the critical role of micro-workers who perform essential tasks such as data labeling and content moderation, enabling AI technologies to function effectively. Tubaro highlighted the precarious conditions these workers often face, including low wages, invisibility, and a lack of rights or recognition.
In a follow-up interview with Clarín, one of Argentina’s leading newspapers, she delved deeper into the topic. She described these workers as “neo-laborers of the algorithm,” performing countless “microtasks” for platforms like Amazon Mechanical Turk—often during their free time, with few protections and little public awareness of their role. Tubaro called for greater transparency, fairer conditions, and the ethical recognition of their contribution to technological progress.
Her reflections contribute to a broader understanding of the social and economic infrastructures behind AI systems, urging policymakers and the public to account for the real human costs behind digital automation.
Marion Leroutier dans Le Monde et Libération : quand les inégalités de genre se mesurent aussi en CO₂
Marion Leroutier, chercheuse au CREST et enseignante à l’ENSAE Paris, voit ses travaux récents mis à l’honneur dans Le Monde et Libération. En collaboration avec Ondine Berland (London School of Economics) elle publie une étude inédite sur les différences d’empreinte carbone entre les hommes et les femmes en France.
Le constat est clair : les femmes émettent en moyenne 26 % de CO₂ de moins que les hommes. Ce différentiel provient principalement de deux postes de consommation :
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La viande rouge, consommée plus fréquemment par les hommes ;
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La voiture, utilisée de façon plus intensive et souvent pour des trajets plus longs.
Mais ces écarts ne sont pas uniquement liés aux préférences individuelles : les rôles sociaux, les différences biologiques et d’insertion sur le marché du travail y jouent un rôle structurant. L’étude permet ainsi d’éclairer les liens entre choix de consommation, répartition des ressources au sein des ménages, et responsabilité environnementale.
Ces résultats posent des questions cruciales pour la justice climatique et les politiques publiques : comment prendre en compte les inégalités sociales et de genre dans la transition écologique ? Et comment concevoir des mesures efficaces et équitables ?
📰 À lire dans :
Le Monde, Libération, Economie Matin et le Journal de France 2 (minute 25), Le Nouvel Obs, ConsoGlobe, TF1, France Info
Pierre Boyer publie sur les leviers budgétaires pour financer la Défense nationale
Pierre Boyer, chercheur au CREST et professeur à l’École polytechnique, signe un article dans le numéro 170 (mai 2025) de la Revue française de finances publiques, intitulé « Quels leviers pour assurer le financement de la Défense nationale ? ».
Alors que les enjeux de souveraineté et de sécurité nationale sont au cœur des débats publics, l’article explore trois leviers fondamentaux pour garantir un financement crédible et soutenable des dépenses de défense :
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La fiscalité, à travers le prisme du consentement à l’impôt, des limites de rendement fiscal et du contexte politique ;
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La dette publique, en tant qu’outil d’étalement des efforts budgétaires via la pluri annualité et les lois de programmation ;
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L’évaluation des politiques publiques, encore peu développée dans le secteur de la défense, mais essentielle pour garantir l’efficacité de la dépense.
Pierre Boyer insiste sur l’importance de la transparence, de la soutenabilité budgétaire et de l’investissement dans l’évaluation pour renforcer la légitimité des choix publics en matière de défense. Son analyse contribue à alimenter une réflexion économique rigoureuse sur un sujet souvent réservé aux sphères stratégiques ou militaires.
📖 L’article est à retrouver dans la Revue française de finances publiques, n°170 : site de l’éditeur.
Faut-il travailler avec ou contre l’IA ?
Paola Tubaro participe à l’émission Parlons-en de la chaîne France24 sur la thématique “Doit-on travailler avec ou contre l’intelligence artificielle ?” avec Jean Cattan, secrétaire général du Conseil national du numérique, Yann Lechelle, co-fondateur et directeur général de Probabl, spinoff d’Inria spécialisée dans les outils d’IA et de science de données pour les entreprises, et Caroline Fredrickson, Directrice du département de la recherche à l’OIT.
01/05/2025
Hommage à Claude Henry, fondateur du Laboratoire d’économétrie de l’X

Le professeur Claude Henry, éminent physicien devenu économiste, est décédé le 17 avril 2025. Figure majeure de la recherche économique française, il a profondément marqué les domaines de l’économétrie, de la régulation publique et du développement durable.
Un parcours académique d’exception
Formé initialement en physique, Claude Henry a orienté sa carrière vers l’économie, intégrant l’École polytechnique où il a enseigné pendant plus de trente ans. Il y a fondé en 1970 le Laboratoire d’économétrie, qu’il a dirigé et transformé en un centre de recherche de renommée internationale. Ce laboratoire, devenu plus tard le Centre d’Économie de l’École polytechnique (CECO), a accueilli de nombreux chercheurs de renom, dont Jean-Jacques Laffont dans les années 1970.
Claude Henry a également occupé des postes de professeur à Sciences Po Paris et à l’université Columbia à New York. Ses recherches ont couvert un large éventail de sujets, allant des interactions faibles entre particules élémentaires aux équations différentielles avec discontinuités, en passant par les décisions en incertitude et l’économie des services publics.
Un engagement pour les politiques publiques et le climat
Membre du Conseil d’analyse économique de 1997 à 2002 sous le gouvernement de Lionel Jospin, Claude Henry a contribué à des réflexions majeures sur la fiscalité environnementale, la régulation des services publics et la propriété intellectuelle.
Son ouvrage Microeconomics for Public Policy: Helping the Invisible Hand (Oxford University Press, 1987) illustre son approche visant à éclairer les décisions publiques par l’analyse économique. En décembre 2006, une conférence internationale a été organisée en son honneur, reflétant son intérêt constant pour les politiques publiques.
Claude Henry a également été un fervent défenseur de l’action contre le changement climatique. Il a publié de nombreuses tribunes dans Le Monde appelant à des politiques environnementales ambitieuses et a coécrit avec Joseph Stiglitz des travaux sur la propriété intellectuelle et le développement durable.
Distinctions et héritage
Claude Henry était membre de l’Academia Europaea et Fellow de l’Econometric Society. Il a reçu la médaille d’argent du CNRS en 1991.
Son héritage perdure à travers ses nombreuses publications et l’influence qu’il a exercée sur des générations de chercheurs et de décideurs. Ses contributions continueront d’inspirer les efforts en faveur d’une économie au service du bien commun et de la transition écologique.
Pauline Rossi, pour le Figaro : “La découverte du déclin démographique ressemble à celle du changement climatique”
La part du genre dans les sciences sociales
Dans une étude à paraître dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales et chroniquée ce jour dans le journal Le Monde : “Il n’y a pas d’obsession pour le genre dans les sciences sociales en France : une vaste étude le démontre“, Samuel Coavoux, Etienne Ollion et plusieurs collègues ont étudié la place donnée au genre dans les sciences sociales.
La question a un intérêt scientifique évident. Elle permet aussi de revisiter certains débats publics récents — par exemple sur la place du “wokisme” à l’université.
L’enquête est inédite dans son ampleur : les auteurs ont analysé l’ensemble des publications de sciences sociales françaises depuis 25 ans.
L’enquête est innovante aussi, elle utilise des outils récents d’intelligence artificielle, développés au sein de l’équipe de sciences sociales computationnelles du CREST.
Les résultats sont parlants, et parfois inattendus :
- Le recours au genre comme grille d’analyse a augmenté au cours des 25 dernières années,
- Certaines disciplines ont été pionnières (démographie, anthropologie, histoire, sociologie), d’autres s’y sont intéressées plus récemment (histoire, sciences de gestion)
- Mais la mobilisation du genre est in fine limitée. Avec 12% du total des articles qui évoquent le genre, on est loin de l’invasion dénoncée par certains.
- L’approche de genre est encore très majoritairement le fait de femme. Entre 2016 et 2022, 66 % des articles mobilisant cette perspective ont été écrits par des femmes ou une majorité de femmes, une proportion stable dans le temps. L’augmentation du genre dans les publications pourrait bien être la conséquence de la féminisation des disciplines.
L’étude, la première au monde à analyser le genre dans les publications avec des outils d’intelligence artificielle, est disponible ici
La presse en parle :
Pierre Rousseaux contribue à l’évaluation de la réforme de l’assurance chômage
Pierre Rousseaux, doctorant au CREST-GENES et affilié à l’Institut des Politiques Publiques (IPP), est co-auteur du rapport d’évaluation de la réforme du Salaire Journalier de Référence (SJR), pilier central de la réforme de l’assurance chômage mise en œuvre entre 2019 et 2021.
Intitulé “Réforme du salaire journalier de référence et trajectoires professionnelles“, ce rapport a été publié en avril 2025 dans le cadre des travaux du comité d’évaluation piloté par la Direction de l’Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares). Il analyse de manière rigoureuse les effets de cette réforme sur les droits à l’indemnisation, les comportements de recherche d’emploi, et les trajectoires professionnelles des demandeurs d’emploi.
Les auteurs mettent notamment en évidence que la réforme a entraîné une baisse de l’allocation journalière pour les personnes aux parcours discontinus, contrebalancée par un allongement de la durée d’indemnisation. A court terme, elle a aussi induit une hausse du nombre de jours travaillés, sans effets notables sur la qualité des emplois retrouvés.
Dans un contexte de réflexion sur une nouvelle réforme de l’assurance chômage, cette évaluation apporte un éclairage précieux sur les mécanismes en jeu et les arbitrages possibles entres incitations et protection.
👉 Lire le rapport complet
📄 Lire la synthèse
🔎 Page dédiée sur le site de l’IPP
Ce travail a été mené dans le cadre des travaux du Comité d’évaluation de la réforme de l’Assurance chômage initiée en 2019, et a bénéficié d’un financement de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) dans le cadre de l’appel à projets de recherche « Suivi quantitatif des effets de la réforme de l’assurance chômage pour les demandeurs d’emploi ».